En 2002, les chantiers du patrimoine organisés par le Centre d’Histoire Sociale ont eu pour mission le transfert de la machine à vapeur Dujardin.
Souvenirs, souvenirs !
Et pour commencer : le démontage de la Dujardin à l’ancienne distillerie de Colleville.
Le chalumeau est nécessaire !La Dujardin en cours de démontageEntre délicatesse et brutalité : le marteau-piqueurUn demi-volant remonté centimètre par centimètreVue de dessus
Il y a déjà quelques années, le Centre d’Histoire Sociale a réhabilité un manège à cheval au Cours Notre-Dame, rue d’Ernemont à Rouen.
Manège à cheval
Le cheval était attaché à la poutre (sur la gauche de la photo, on peut d’ailleurs encore vois un crochet) et devait tourner en rond. L’énergie ainsi générée était transformée mécaniquement.
Pour la petite histoire, le mieux est encore de laisser Jean-Pierre Engelhard nous la raconter :
Nous étions en relation avec Jean-Pierre Collinet (aujourd’hui lieutenant-colonel en retraite) qui pensait à l’époque créer un musée des pompiers.
Un jour, il nous signale l’existence d’un pressoir au Cours Notre-Dame, rue d’Ernemont. Une fois sur place, nous nous apercevons qu’il s’agit, non pas d’un pressoir, mais d’un manège à chevaux. Aujourd’hui très rares, il en existait des quantités dans la région autrefois.
Les premières usines de Oissel, ville industrielle, tournaient avec des manèges à chevaux car on n’avait pas pu installer de moulins en bord de Seine comme à Vernon.
Il y en avait aussi dans de nombreuses fermes. On retrouve encore quelques-uns de ces bâtiments hexagonaux accolés à un bâtiment.
Axe vertical réparé
Interdit d’accès aux enfants de l’école, la charpente et la couverture étaient restées en bon état mais le pied de l’axe était pourri et d’autres pièces nécessitaient une rénovation. Nous avons eu les meilleurs relations avec la direction de l’école ce qui nous a permis de le réhabiliter et de le présenter aux journées du patrimoine.
Le manège est composé d’un axe vertical, d’un grand rouet horizontal et d’un pignon qui transmet l’énergie sur un arbre. Ici c’était pour entraîner une pompe qui puisait de l’eau dans un puit à 40 mètres de profondeur.
Cette pompe permettait de remplir des réservoirs et, par écoulement, cela alimentait tous les bâtiments et arrosait les jardins.
Il n’y avait pas d’installation d’eau à Rouen. Les points d’eau étaient les rivières, le Robec, l’Aubette, la Ronelle, déjà fortement polluées, et suffisaient à peine à la ville. Tandis que le Cours Notre-Dame avait son autonomie.
Un peu de menuiserie
En faisant un tour du manège, un œil curieux sera intrigué par le système utilisé pour obtenir un anneau aussi grand en bois :
Gros plan sur l’anneau
L’anneau n’est pas constitué d’une seule pièce mais de la réunion de plusieurs arcs. Et c’est cette réunion qui est intéressante. Elle n’utilise aucune pièce métallique, permet d’obtenir un résultat sans débord tout en gardant les pièces solidaires et démontables.
Le schéma ci-dessous permet de mieux se rendre compte de l’ingéniosité du système. La clé, une fois positionnée maintient le tout. Il suffit de la retirer pour démonter l’ensemble :
La chaudière sur laquelle le moteur à vapeur Merlin venait s’installer est une chaudière tubulaire.
Pour en découvrir le principe, plongeons-nous dans le livre “La vapeur et ses merveilles” d’Édouard Lockert, chapitre V.
Chaudière de la locomobile Merlin
Les chaudières tubulaires ont pour objet de diviser la masse d’eau à vaporiser, de façon à augmenter autant qu’il est possible la surface de chauffe, pour rendre la vaporisation plus rapide.
La première idée d’un système de ce genre semble appartenir à un sieur Barlow, citoyen des États-Unis d’Amérique, qui obtint en 1793 un brevet d’importation en France pour des appareils dits fourneaux à chaudières.
Marc Seguin
« L’objet de ces appareils est, dit-il, de présenter à l’action du feu la plus grande étendue de surface possible. Pour cela, on fait passer l’eau dans des tuyaux ou cylindres et ceux-ci dans le foyer même ; on le peut encore en faisant passer la flamme du foyer dans des petits tuyaux répandus dans l’eau à chauffer. »
Barlow propose d’employer ces appareils pour faire mouvoir les bateaux à vapeur.
C’est précisément ce que fit Marc Séguin, en 1825. Il faisait avec ses frères des expériences de navigation à vapeur sur le Rhône et c’est alors que, pour la première fois, il se servit d’une chaudière tubulaire, mais tout autrement disposée que celle de Barlow.
« Séguin, a écrit M. Perdonnet, est neveu de Montgolfier. L’inventeur de la locomotive à grande vitesse est neveu de l’inventeur des ballons.
L’invention des ballons a été accueillie avec un immense enthousiasme, celle de la locomotion à vapeur n’a produit qu’une faible impression. Quelle différence, toutefois, dans les résultats de ces deux découvertes !
L’insuffisance de vitesse des anciennes machines locomotives lui fit reconnaître la nécessité d’augmenter les moyens de production de la vapeur ; dès 1827, il fit passer l’air chaud provenant de la combustion à travers une série de tubes plongés dans l’eau de la chaudière. »
Séguin constata ensuite le non-succès de la méthode inverse qui consiste à faire passer l’eau dans les tubes autour desquels circulent les flammes, ainsi que le pratiqua Barlow. C’est bien à Marc Séguin que l’on est redevable d’avoir lancé dans la pratique, où elles ont rendu de si éminents services, les chaudières tubulaires, telles que nous les connaissons aujourd’hui.
Lorsqu’à la chaudière de Marc Séguin, on eut adjoint, pour forcer le tirage dans les tubes, le jet de vapeur imaginé par Stephenson, la machine locomotive fut amenée, à peu de choses près, au degré de perfection que nous lui connaissons aujourd’hui.
Le foyer est établi dans la portion que l’on nomme pour cette raison boîte à feu.
Les flammes et la fumée parcourent alors les tubes intérieurs et échauffent l’eau qui les entoure. Ils arrivent ainsi dans la capacité nommée boîte à fumée, d’où ils s’échappent par la cheminée C. La chaudière proprement dite contient l’eau dans laquelle baignent tous les tubes formant ce que l’on nomme le faisceau tubulaire.
Coupe d’une chaudière tubulaire
Sur la gravure ci-dessus on peut voir :
à gauche, la boîte à fumée ouverte en haut par la cheminée (C),
à droite, la boîte à feu,
au centre, le faisceau tubulaire plongé dans l’eau.
La fumée et la chaleur transite de la boîte à feu vers la boîte à fumée.
Sur la photo de la chaudière de la Merlin au début de ce billet, la boîte à fumée est à l’avant-plan tandis que la boîte à feu est à l’arrière-plan.
La photo ci-dessous montre la sortie du faisceau tubulaire dans la boîte à fumée.
Boîte à fumée et faisceau tubulaire
Le principe de la chaudière tubulaire est celui retenu dans les locomotives à vapeur telles que nous les connaissons.