Discours de Valérie Fourneyron pour les 25 ans du CHS

Le 9 novembre 2009, pour l’inauguration de l’exposition des 25 ans du CHS, Valérie Fourneyron, députée-maire de Rouen, a prononcé un discours dont vous pouvez trouver la retranscription juste après le lecteur.

Retranscription :

25 ans du Centre d’Histoire Sociale
Cher Jean-Pierre Engelhard
Mesdames et messieurs les élus
Monsieur le Conservateur en Chef
Madame l’Architecte des Bâtiments de France
Chers adhérents du CHS
Chers amis

J’ai un très grand plaisir de célébrer ces 25 ans dans cette abbatiale Saint-Ouen et de le faire le jour anniversaire de la chute du mur de Berlin, commémoration de 20 ans de libertés retrouvées.

C’est un grand plaisir de vous recevoir ce soir à l’occasion de cet anniversaire dans notre abbatiale Saint-Ouen. “Ce lieu m’a toujours donné une sublime impression, je ne compare aucune église à celle-là”. Ces propos d’Eugène Delacroix sur l’abbatiale montrent combien ce magnifique édifice ne laisse personne indifférent.

Un lieu exceptionnel que nous ouvrons de plus en plus souvent aux Rouennais et à beaucoup d’autres à travers des manifestations culturelles. Il y a eu récemment le salon du livre ancien. Il y a eu la confrontation avec l’art contemporain lors des Dessous du patrimoine. Il y a bien sûr il y a quelques jours la liturgie équestre de Bartabas. Avec cette magnifique confrontation avec notre orgue « cavaliécole » (???) qui est juste devant moment et il y a aujourd’hui, je veux dire cette rencontre avec notre patrimoine industriel, cette rencontre entre 137 mètres de long, 33 mètres de voûte et cette réalité de notre histoire collective.

C’est finalement un superbe lieu pour accueillir ces 25 ans. Et, que les contraintes du calendrier ne nous aient pas permis de nous retrouver à la Halle aux Toiles, je pense que c’est une excellente chose du destin.

Et je voudrais remercier toutes celles et tous ceux qui nous ont permis de fêter ces 25 ans ici à l’abbatiale Saint-Ouen, je pense en particulier à tous les amis adhérents du CHS, je pense aussi aux services de la ville, Jean-Gabriel Guyan de la Direction du Développement Culturel, Lionel Guéret-Laferté de la Direction des Manifestations Publiques, la Direction des Relations Extérieures, bref toutes celles et tous ceux, parce qu’on n’imagine bien que ce n’est pas tout à fait simple de se retrouver ici ce soir, qui ont permis ce moment entre nous.

Je sais combien les membres du CHS, défenseurs de la mémoire du travail des hommes, sont sensibles à la beauté du lieu, ainsi qu’à la sueur et au sang qui ont été versés pour permettre la construction de cette édifice. Permettez-moi de vous citer ce soir, je vais prendre le vous cher Jean-Pierre, de vous citer quand vous avez souhaité rééditer ce petit ouvrage de 1731 sur l’abbatiale et que vous écrivez “Quelle merveille, quelle beauté, quelle audace, n’est-ce pas l’œuvre idéale pour parler du travail des hommes et leur imposer le respect. Quels maîtres de la pierre ont pu ciseler un tel joyau, un tel chef d’œuvre qui, commencé en 1339 demanda un siècle pour atteindre cette perfection dans cette unité. Chacune des pierres extraite du fin fond des carrières du Caumont allait jusque là, taillée, assemblée, pour constituer ces piles immenses de ces ogives audacieuses nous contraignent à l’humilité”. C’est vous qui avez écrit ça dans l’introduction de ce petit ouvrage. Car lorsque, Jean-Pierre, vous rentrez dans cette abbatiale vous ne voyez pas seulement ce magnifique édifice gothique, joyau de l’art gothique, vous entrez aussi, et vous voyez aussi le travail colossal accompli par des centaines d’hommes et de femmes qui ont donné de leur savoir-faire, de leur peine, et pour certains même de leur vie pour que cette abbatiale puisse être réalisée.

Des ouvriers d’ailleurs, en ce moment, œuvrent à la poursuite de la restauration de la tour couronnée de l’abbatiale, après les faces nord, ouest, ils travaillent en ce moment à redonner toute sa magnificence à la façade est, et avant de s’attaquer à la façade sud nous en déciderons dans quelques jours au conseil municipal du 27 novembre pour pouvoir attaquer cette dernière face de la tour couronnée de Saint-Ouen.

La confrontation entre cet édifice renaissance et les témoignages de notre histoire industrielle, évidemment, ne vont pas manquer d’interpeler, comme depuis quelques heures les visiteurs de ce lieu.

Les membres du CHS nous ont fait l’honneur d’exposer au sein de cette abbatiale quelques-unes des plus belles machines qui ont marqué l’évolution industrielle de notre territoire, de retracer sur 130 panneaux des grands et des petits moments de notre histoire.

Je ne détaillerais pas le contenu de cette exposition, préférant confier à ceux qui sauront en parler bien mieux que moi mais je voudrais profiter cette inauguration pour parler de l’œuvre, l’œuvre accomplie depuis 25 ans.

Et comment aborder ce travail sans parler du parcours de celui qui en a été l’initiateur, Jean-Pierre Engelhard, son président fondateur ? Je sais, cher Jean-Pierre, que tu n’aimes pas, allez, que l’on te mette en avant et que tu préféres que l’on parle d’une œuvre collective. Je sais combien tu es sensible à ce qu’on oublie pas de citer les 200 adhérents de l’association, ces nombreux bénévoles qui travaillent à tes côtés.

Mais permettez-moi de déroger un peu ce soir à l’occasion de cet anniversaire. Car l’histoire du CHS elle est bien intimement liée à ton parcours, à votre parcours, celui d’un homme, Jean-Pierre Engelhard, curieux de ce qui l’entoure, curieux des lieux, curieux des hommes, des femmes, de leur histoire. Cet intérêt jamais rassasié, Jean-Pierre, vous l’avez hérité de votre grand-père, Charles Engelhard, lui-même passionné par l’histoire rouennaise. Charles Engelhard qui a d’ailleurs écrit sur l’abbatiale Saint-Ouen un très beau poème. Je crois que vous nous le lirez tout à l’heure. Dans ce poème où l’on peut ressentir toute l’admiration de votre aïeul pour cet édifice remarquable.

Plus que les monuments, ce qui vous passionne, cher Jean-Pierre, c’est bien le travail, les efforts accomplis par tous ces hommes de notre région. Vous avez d’ailleurs dédié le Centre d’Histoire Sociale aux hommes de Normandie qui ont contribué à la grandeur de la France, aux progrès de l’humanité. Dans ce Centre d’Histoire Sociale, vous avez souhaité associer les plus humbles et ne pas seulement mettre en avant l’histoire des grands hommes.

Dans cet espace unique installé sur la vallée du Robec, à quelques mètres de votre commune Charnicolle Rimasson (???) sur laquelle vous avez également tant œuvré. Vous avez réussi à collecter des témoignages uniques de la région, des témoignages de notre passé industriel qui, sans vous, sans les membres d’Expotec, seraient disparus aujourd’hui.

Chaque fois qu’une usine ferme, qu’un déménagement se prépare, je sais combien vous êtes attentif à la sauvegarde de notre patrimoine industriel. Vous avez ainsi réuni des centaines de témoignages parmi lesquels des pièces uniques, de véritables bijoux de notre passé industriel. Je pense aux machines à vapeur Ernestine et Merlin, au moteur Mustad, à l’atelier typographique, pour ne citer qu’eux, car vous avez réuni tant de trésors, tant de témoignages de notre histoire qu’il serait impossible de tous les citer.

Mais au Moulin Saint-Gilles, vous ne vous contentez pas de sauvegarder quelques-unes de nos plus belles pièces illustrant ce passé, vous les entretenez, vous les faites fonctionner. L’atelier typographique, par exemple, tourne régulièrement pour imprimer l’une des 270 publications du Centre d’Histoire Sociale. Toutes les machines fonctionnent grâce aux efforts de nombreux bénévoles rendant le lieu bien plus vivant que la plupart des musées.

Votre amour du travail des hommes, vous nous le faites partager. Vous transmettez également vos savoirs grâce aux nombreux chantiers d’insertion que vous menez ou grâce à des expositions comme celle-ci. Et pour cela, nous en sommes extrêmement reconnaissants. Vous qui avez hérité du dévouement de votre père, chef de la résistance à Duclair, vous ne ménagez ni votre temps, ni votre sueur, pour que ce travail de mémoire soit mené.

Votre père qui a failli laisser sa vie pour défendre la liberté vous a donné ce sens du combat pour la liberté et pour plus d’équité. Car ce rôle de transmission de la mémoire va bien au-delà de la simple collecte de témoignages. C’est un combat social pour que l’ouvrier soit reconnu à sa juste place. Un combat qui, encore, mérite d’être porté aujourd’hui. Homme de conviction, vous combattez depuis toujours dans ce sens. Vous étiez jeune au moment des guerres coloniales, vous ne resitez pas indifférent. Bien au contraire ! Vous vous engagez, vous vous insurgez comme on sait vous voir encore le faire, vous dénoncez ces guerres inutiles, partez coller des affiches. Et à l’époque, coller une affiche contre la guerre d’Algérie, c’est prendre de gros risques. Cela vous vaudra d’ailleurs quelques sérieux soucis avec la justice. Avec votre diplôme d’électricien en poche, vous vous engagez dans divers chantiers à travers le monde, en Ukraine, au Sahara, au Portugal ou encore en Hollande. Là encore vous participez à l’activité syndicale, un activité difficile alors à mener. Le patronnat était organisé, on était vite repéré, racontez-vous. Parce que plus dur à mener, parce que plus dangereux, le combat n’en est pourtant que plus noble car jamais vous n’avez hésité à lutter pour ce qui vous semblait juste.

Et cette ardeur à combattre pour plus d’équité, pour transmettre à votre quatre petit-fils et l’ensemble des générations suivantes, continue de vous animer. Cher Jean-Pierre, votre œuvre de sauvegarde et de mise en valeur de notre passé industriel est colossale et au nom de tous les Rouennais, au nom de toute la ville de Rouen, je tiens à vous en remercier car cette histoire industrielle, cette histoire des hommes, Rouen doit être fière. Rouen a pour atout d’être une ville riche de grands hommes qui ont marqué l’histoire. Mais elle a aussi pour particularité d’avoir un passé industrialo-portuaire parmi les plus importants de tous. Un passé que nous nous devons de préserver, de mettre en valeur. Et je compte sur vous pour que nous continuions de travailler ensemble à cette noble tâche.

Et au nom de toute la ville de Rouen, au nom de tous les Rouennais, permettez-moi de vous remettre la médaille d’honneur de la ville, signe de notre reconnaissance à tous. Cette médaille d’honneur est décernée aux Rouennais qui ont marqué la ville par leur parcours. Ce soir, c’est un homme avec ses valeurs, c’est un homme avec son humilité, c’est un homme avec son sens du travail que je veux honorer au nom de l’ensemble de la ville de Rouen.

Vidéo des 25 ans du CHS

Le CHS a fêté l’année dernière ses 25 ans. À l’origine, l’exposition organisée pour l’occasion devait se tenir à la Halle aux Toiles mais nous n’avons pas pu l’avoir pour la semaine du 9 au 15 novembre 2009.

Nous avons heureusement pu avoir l’abbatiale Saint-Ouen !

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Lancement du nouveau site

Surprise !

Le CHS vous fait son cadeau de fin d’année : un site refait à neuf.

Alors c’est comme dans tout bon déménagement, les meubles sont arrivés, mais tout n’est pas nécessairement à sa place définitive.  Le temps de prendre nos aises, de mettre les logos qu’il faut…

Cette nouvelle version se veut plus multimedia (photos, vidéos, son…), plus proche de vous (vous pouvez désormais laisser des commentaires sur les articles), plus vivante (des articles mis en ligne plus régulièrement) tout ça afin de mieux vous faire découvrir nos activités, nos découvertes, nos travaux.

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Et n’oubliez pas la prochaine date à retenir :

Samedi 30 janvier 2010 à 14h30
à la Maison des Associations, boulevard Pasteur

Assemblée générale de l’association