On se rend vite compte des progrès de l’informatique et des outils qu’elle apporte lorsqu’on réalise une simple carte de visite. Il existe cependant quelques problématiques auxquelles l’informatique individuelle voire professionnelle ne peut apporter de solution.
Par exemple, la carte décrite dans ce billet utilise un papier cartonné avec un relief et une encre argentée. Le papier est tellement épais qu’il ne passe pas dans la plupart des imprimantes car il est 5 fois plus épais qu’une feuille A4 80g classique ! Quant à l’encre argentée, elle ne court pas les rayons high tech. Ajoutez à cela que le relief limite encore le choix du type d’impression…
Il aura fallu un minimum de 3 heures pour qu’un novice réalise cette carte, avec l’aide d’un professionnel, de la conception à l’impression.
La composition a été réalisée de façon traditionnelle :
- chaque caractère a été récupéré dans une casse un à un et placé dans un composteur,
- les lignes composées sont ensuite placé dans une gallée,
- la gallée est amenée sur le marbre pour ensuite être vidée bloc par bloc au sein d’un chassis,
- des lingots sont disposés de chaque côté de la composition à l’intérieur du chassis pour bloquer le tout,
- le chassis, une fois vérifié le bon maintien de chaque caractère, est amené sur une presse.
Toutes ces étapes aboutissent à cette composition :
La photo est trompeuse car la composition a déjà passé plusieurs essais, les œils ne sont pas aussi propres, c’est l’encre argentée qui leur donne cet aspect !
Note : Non, il n’y a pas de faute d’orthographe à “œils” : l’œil en typographie correspond au relief du caractère d’imprimerie (partie du caractère qui laisse son empreinte au tirage) et cet œil-là prend un s au pluriel et ne donne pas “yeux”.
Pour cette carte de visite, c’est une presse (on parle aussi de platine) Heidelberg de 1960 qui a été utilisée :
En haut à gauche, on peut apercevoir une composition dans un chassis lui-même installé dans la platine. Là aussi il y a tricherie : il ne s’agit pas de la composition de la carte de visite présentée dans ce billet (les rouleaux sont tout noir alors qu’ils devraient être couleur argent).
Les presses de ce type nécessitent toujours quelques tours pour rien le temps de caler les derniers détails avant de lancer l’impression en masse.
Étape | Image |
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On réalise le premier essai avec la presse “réinitialisée” : pression au minimum, réglages par défaut…
Les premiers essais se font sur du papier blanc, moins coûteux que le papier final désiré. La composition utilise 2 polices de caractères (Antique 16 gras et Europe 12 gras) ainsi qu’un caractère supplémentaire nécessaire pour l’adresse email : l’arobase (qui se trouve être en taille 10 et non 12…). |
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Le deuxième essai a été réalisé après avoir mis un “coup de boule” (la pression a été augmentée).
Le bloc de lignes du bas (adresse, téléphone, mail, web) mériterait d’être scindé de façon plus visible et d’être amené plus bas. Il en va de même pour le nom. |
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Il reste néanmoins un trou qu’il serait bon de remplir. Pour cela, on repère son milieu et on va placer le bas de la vignette à ajouter sur cette ligne.
On en profitera également pour corriger la position du premier z de l’email car il a descendu lors des précédentes manipulation. |
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Le quatrième essai semble bon, on va pouvoir passer sur le papier final.
Contrairement à ce qui se passe avec l’informatique, le choix de la vignette ne se fait pas parmi une collection de dizaines de milliers de cliparts. Il existait autrefois des catalogues de vignettes mais l’atelier typographique du CHS n’en dispose pas d’autant. |
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Petite erreur de parcours, le papier rouge est légèrement plus petit que le papier blanc, il va donc falloir remonter les lignes.
On en profitera également pour changer le I du nom de famille car la lettre est un peu abimée. |
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Tadam ! Les modifications apportées auront été les dernières. |